Le dernier acte. Les conseils de Deburau (Sacha Guitry) à son fils : Adore ton métier, c'est le plus beau du monde ! Le plaisir qui te donne est déjà précieux, mais sa nécessité réelle est plus profonde : il apporte l'oubli des chagrins et des maux. Et ça, vois-tu, c'est encore mieux, c'est mieux que tout, c'est magnifique et tu verras, tu verras ce que c'est qu'une salle qui rit, tu l'entendras. Ça, c'est unique, mon chéri. Oh ! Le bruit que ça fait, tu verras, c'est très beau. Imagine un très grand silence : on vient de lever le rideau. Un silence absolu, complet... On entendrait voler un imprésario ! Soudain, tu viens de faire une chose qui plaît, un geste drôle, inattendu... et ça commence tout à coup ! Car ça commence d'un seul coup. Et voilà le silence rompu qui vole en mille éclats ! Le public s'abandonne à l'immense rafale qui gronde et le secoue et le rire au galop qui traverse la salle emporte tout, les chagrins, les soucis et les peines. Et comprends bien ceci, comprends que c'est pour ça qu'ils viennent. A ceux qui font sourire on ne dit pas merci. Je sais, oui, ça ne fait rien, soit ignoré. Vas donc laisser la gloire à ceux qui font pleurer. Je sais bien qu'on dit d'eux qu'ils sont « les grands artistes » Tant pis, ne soit pas honoré. On n'honore jamais que les gens qui sont tristes. Soit une paillasse, un pitre, un pantin que t'importe ! Fais rire le public, dissipe son ennui, et, s'il te méprise et t'oublie sitôt qu'il a passé la porte, va, laisse-le, ça ne fait rien…
vendredi 20 février 2009
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